
5 erreurs que j’ai faites dans mon couple binational (et comment les éviter)
Vous souvenez-vous de ce qui vous a attiré chez votre partenaire étranger au tout début ? Son accent “trop mignon” ? Vos incompréhensions qui vous faisaient sourire ? Ses habitudes alimentaires exotiques ? Ou la promesse d’une vie aventureuse entre plusieurs pays?
Avec le temps, vous réalisez peut-être qu’un couple binational demande plus de travail que ce que vous aviez imaginé. Vous devez non seulement accorder vos personnalités mais aussi jongler avec vos différences culturelles et les kilomètres qui séparent vos pays.
Comme vous, j’ai eu des préjugés, j’ai dû me remettre en question, j’ai fait des erreurs.
Dans cet article, j’ai décidé de vous parler de mon expérience personnelle et de ces moments où j’ai eu tort.
1) Je me suis sentie supérieure
Vivre avec une personne étrangère, c’est être confronté au quotidien à la différence et à la remise en cause de nos valeurs.
Malgré la distance que l’on peut avoir vis-à-vis de sa propre culture et de son propre système de valeurs, il est quasi inévitable de juger un comportement qui nous est étranger.
Même les personnes les plus bienveillantes et ouvertes d’esprit seront confrontées à cette réaction naturelle : celle de considérer que son approche de la vie est la bonne et que l’autre a tort.
Cela aboutit à une source de conflit inépuisable : le jugement et l’ethnocentrisme.
Dans mon expérience personnelle, au-delà de l’amour que je porte à la culture italienne, je me suis parfois surprise à juger certains comportements qui remettaient en cause mon système de valeurs.
Qu’il s’agisse de notre rapport à la famille, à l’indépendance, aux rôles hommes-femmes, en passant par la cuisine, l’amitié ou l’engagement, de nombreuses situations m’ont poussées à questionner le fondement de ma réaction.
Ainsi, j’ai parfois eu ce sentiment que ma vision des choses était la bonne et que mon partenaire avait tort.
Mon conseil :
Si vous êtes dans une relation biculturelle, c’est sûrement que vous avez déjà un certain recul sur votre culture : ce qui constitue votre système de valeurs et ce qui vous en différencie. Vous êtes donc largement en mesure de surmonter cette réaction primaire qui consiste à juger l’autre à cause de sa différence.
Néanmoins, il est important d’identifier les situations ou les comportements qui provoquent cette réaction et d’en parler avec votre partenaire:
- Pourquoi est-ce que cela vous heurte ?
- À quoi cela fait-il référence dans votre système de valeurs ?
Mon autre conseil est de vous auto-censurer sur certains points. Certes, vous n’approuvez pas toujours les comportements de votre conjoint étranger, mais si cela relève d’un détail dans votre relation, inutile d’émettre votre avis et de risquer de blesser l’autre. Ce qui peut sembler ridicule à vos yeux est peut-être une habitude où une valeur importante aux yeux de l’autre.
2) J’ai sous-estimé l’influence du biculturalisme
Avez-vous déjà pensé à l’influence que cette biculturalité aurait sur votre identité et votre perception du monde ?
Si vous êtes en couple avec un étranger depuis plusieurs années, vous savez déjà que la personne que vous étiez avant n’existe plus. Vous ne pourrez plus jamais vous identifier à votre propre culture de la même manière et il existera toujours une distance entre vous et les autres.
Dans mon cas, j’ai noté un sentiment paradoxal :
- D’une certaine manière, je ne me suis jamais sentie aussi française que depuis que je suis avec un étranger. C’est en me confrontant à la différence que j’ai découvert des éléments et des comportements liés à ma propre culture. Mon esprit laïque à toute épreuve ou la nécessité de manger du fromage après le plat principal mais avant le dessert sont autant de petites choses qui me font comprendre que je suis le produit de la société qui m’a vu naître.
- Parallèlement, je ne peux plus me sentir complètement Française. La culture de mon partenaire m’a beaucoup influencé, je mange italien à toutes les sauces, j’adhère à la joie de vivre italienne et je suis souvent critique vis-à-vis de mon propre pays.
Mon conseil :
Soyez conscients que cette relation va vous faire évoluer. Vous pourrez parfois vous sentir étrangère dans votre propre pays comme dans le pays de votre conjoint. Essayer d’apprécier ce sentiment plutôt que de le rejeter. Il est le symbole du chemin que vous avez parcouru vers la culture de votre conjoint et vous apportera une richesse inestimable.
3) J’ai cru que des pays voisins avaient la même culture
En commençant à sortir avec un Italien, j’ai souvent eu tendance à penser que nos cultures étaient si proches qu’on ne verrait même pas de différence. Venant du sud de la France, je suis sûrement plus proche d’un Italien en terme d’identité culturelle, que d’un Alsacien ou d’un Breton.
Je ne pensais donc pas que nos nationalités auraient une telle importance dans nos vies. Et pourtant, je suis en train d’en faire un blog !
Car au quotidien, on découvre finalement de subtiles différences. Elles ne sont évidemment pas du même ordre que des différences entre des pays beaucoup plus éloignés géographiquement. Nous partageons une culture européenne et seulement quelques centaines de kilomètres nous séparent.
Mais lorsque l’on navigue vers les profondeurs de la culture (voir mon schéma sur l’iceberg culturel), on fait alors face à des différences beaucoup plus fines, que l’on ne pourra réellement comprendre qu’après plusieurs années et beaucoup de temps passé dans le pays de l’autre.
Mon conseil :
Peu importe d’où vous venez, vous serez donc sûrement confrontés à des différences. Celles-ci ne peuvent apparaître qu’après un certain temps, lorsque vous parlerez de sujets comme l’éducation, la famille, la politique ou la religion. C’est clairement ce qui enrichira votre relation alors soyez curieux et ouverts d’esprit !
4) J’ai ignoré les conséquences pratiques de la relation
Une fois passée la phase des premiers mois romantiques et l’idéalisation de la culture de l’autre, il est temps de se confronter à la réalité. Une réalité beaucoup plus pratique qui sera sûrement au centre de vos discussions ou de vos conflits.
Car c’est là que les complications de votre relation vont commencer. Où vivre ensemble ? Comment apprendre la langue de l’autre ? Quel sacrifice faire pour être avec son conjoint ?
Là où un couple lambda peut se retrouver face à ce type de question bien plus tard dans la relation, ce sont des challenges qu’un couple binational va devoir surmonter rapidement.
Dans notre cas, ces questions se sont souvent posées et se posent encore. Après avoir vécu ensemble en Angleterre, nous avons dû affronter une année à distance pour préserver nos envies personnelles. Nous avons ensuite chacun fait l’effort de passer du temps dans le pays de l’autre, ce qui a été très bénéfique pour créer une culture commune, entre la France et l’Italie.
En ce moment, nous expérimentons le fait de vivre dans un nouveau pays tiers qui offre des avantages pour l’un comme pour l’autre.
Il me semble important de tester différents types de modes de vie afin de mieux comprendre ce que chacun est prêt à laisser derrière. Mais inutile de se leurrer, vous allez devoir traverser ces obstacles et prendre des décisions ensemble.
Mon conseil :
Ces questionnements peuvent être envahissants mais permettent néanmoins de réaliser, relativement tôt dans la relation, l’importance que vous accordez à votre partenaire. Si vivre dans un autre pays, quitter votre famille, apprendre une nouvelle langue et perdre vos repères ne vous font pas peur, c’est sûrement bon signe pour votre couple.
S’engager dans une relation binationale implique des efforts bien plus importants que pour une relation entre des personnes du même pays. Je pense donc qu’il est inutile de persévérer si vous ne vous sentez pas capable de remettre en cause autant d’éléments dans votre vie.
5) J’ai minimisé les problèmes de communication
Parler une langue étrangère au sein du couple (l’anglais, dans notre cas) peut être amusant au début. Il y a un certain exotisme dans le fait de parler une langue qui nous est moins familière.
Et avec le temps, il peut devenir frustrant et fatigant de s’exprimer avec un vocabulaire étranger, de ne pas pouvoir présenter toutes les facettes de sa personnalité.
Voici les 3 réalités que je n’avais pas anticipées :
- Se disputer en anglais est épuisant : dans une situation où l’on est déjà sensible et irritable, trouver la force de communiquer dans une langue étrangère est souvent difficile. Pour exprimer des idées nuancées, ne pas blesser l’autre, ou présenter son point de vue de manière pertinente, il faut redoubler d’efforts et de patience.
- Devenir réellement bilingue dans la langue de l’autre demande des années d’investissement : à moins de vivre dans le pays de son conjoint et de pratiquer la langue au quotidien, il faut compter plusieurs années pour s’exprimer de manière suffisamment élaborée dans une langue étrangère. Car il n’est pas question de simplement demander l’heure ou se présenter, il s’agit de communiquer au quotidien avec son conjoint, exprimer ses désirs, faire des projets et planifier une vie ensemble. Cela demande un vocabulaire étoffé qui n’est pas accessible après quelques semaines.
- Mon anglais ne s’est pas amélioré grâce à ma relation : évidemment, le fait de parler anglais au quotidien nous permet de rendre son usage beaucoup plus naturel. Toutefois, en parlant anglais avec un non-anglophone, on finit par adopter les erreurs d’un étranger. Ainsi, maintenant je ne fais pas seulement les fautes qu’un Français ferait mais également celles d’un Italien. Sans compter que notre langage quotidien est surtout un mélange absurde de nos trois langues et qu’à la moindre hésitation sur un mot en anglais, on le remplace par un terme français ou italien. Le résultat est donc surprenant et aboutit souvent à des difficultés dans chacune des langues. J’ai donc l’impression de mal parler français, anglais et italien !
Mon conseil :
La communication doit être la base de votre couple. Ne supposez pas que votre partenaire comprend tout ce que vous dites verbalement. Répétez, expliquez, soyez clairs et précis, et continuez à apprendre la langue de l’autre.
J’espère que cette vision d’ensemble pourra vous inspirer et vous conforter. Vous n’êtes pas les seuls à douter, vous tromper et recommencer.
Pour plus de conseils, lisez cet article qui vous guidera dans votre relation interculturelle.
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