
Vous avez déjà rêvé de manger des spaghetti en amoureux comme dans La Belle et le Clochard ? De vivre la Dolce vita en faisant un tour en vespa à travers les ruelles de Rome ? Ou de profiter d’un été brûlant dans le jardin des délices de Call me by your name ?
Je vous comprends. L’Italie rayonne à travers le monde grâce à sa richesse culturelle : sa bellezza, son amore, ses pasta… Mais qu’en est-il dans la réalité ?
Est-ce que sortir avec un Italien est synonyme de pizza à tous les repas et de déclarations d’amour passionné près d’une fontaine baroque ?
J’en ai fait l’expérience pour vous et croyez-moi, vous ne serez pas déçu du voyage.
Après plusieurs années de relation avec un Italien, un nombre incalculable de séjours en Italie et de multiples rencontres avec des locaux, j’ai décidé de m’attaquer aux clichés qui collent à la peau du pays.
Je vous propose évidemment mon point de vue français sur la culture italienne et je m’appuie sur mon expérience personnelle. Les habitudes des Italiens ne sont pas homogènes et il ne s’agit donc pas de généraliser mes observations.
Assez discuté, entrons maintenant dans le cœur du sujet. Et on commence évidemment avec ce qui rend l’Italie célèbre à travers le monde : son art culinaire !
Cliché n°1 : Vivre d’amour et de pâtes fraîches
23,5 kilos. C’est le poids de pâtes dévorées par nos amis Italiens par personne et par an. Là où les Français en sont à un ridicule 8kg.
Autant dire qu’aborder la question des pâtes en Italie ne relève pas de l’anecdote mais bien d’un culte national.
Pendant que les Français se diront : “Est-ce bien raisonnable de manger des pâtes ce midi ? On en a déjà mangé il y a trois jours.”
Les Italiens se demanderont plutôt : “Fusilli ou Linguine ?”.
Vous l’avez compris, pour un Italien, une journée sans pâtes est clairement une journée ratée. À moins de remplacer les pâtes par un risotto… Et encore, c’est un grand débat !
D’après mon expérience auprès de nombreux Italiens, les pâtes sont un aliment incontournable pour un repas et on est plutôt sur l’idée que “A pasta a day keeps the doctor away”.
Source : @meme.in.abondanza
Alors, oui, quand on commence une vie commune avec un Italien, ça peut surprendre. Moi qui avait l’habitude d’acheter un paquet de pâtes de 500g pour une ou deux semaines, je me retrouve à remplir le placard de la cuisine à coups de kilos de pasta. Et les stocks diminuent vite, très vite.
Mais attention, là où “pâtes” pour un non-Italien est souvent synonyme de plaisir coupable ou de plat déséquilibré, manger des pâtes avec un Italien c’est découvrir une richesse culinaire insoupçonnée.
Oubliez les coquillettes jambon/beurre et les carbonara avec un supplément de crème. Mettez vos préjugés de côté et plongez dans le monde merveilleux de la pasta italiana.
Connaissez-vous les trofie ? Les busiate ? Les tonnarelli ? Avez-vous déjà goûté au pesto de pistache ? Au Cacio et Pepe ? Ou aux gnocchi alla sorrentina ?
Malgré mon scepticisme de départ quant au fait de manger une telle quantité de pâtes chaque semaine, je dois dire que j’ai mis mon honneur national de côté et que je deviens même légèrement agressive quand un Français m’explique comment il cuisine des pâtes.
“La vie est une combinaison de magie et de pâtes” Federico Fellini
J’en viens donc à mon premier conseil si vous envisagez de sortir avec un Italien. Si vous n’aimez pas manger : quittez-le sur le champ. Et si vous n’aimez pas les pâtes, je ne peux rien faire pour vous…
D’après mon expérience, la nourriture italienne est beaucoup plus variée et équilibrée que ce que les chaînes de restaurants italiens à travers le monde veulent bien nous faire croire.
Les Italiens ne plaisantent pas avec la qualité de leurs produits et faire ses courses dans un supermarché en Italie est déjà un plaisir en soi.
Même pour une Française, censée venir du pays de la gastronomie, la différence est frappante.
Après plusieurs années de relation avec un Italien, j’ai donc fini par mettre mes préjugés de côté et accepter que l’Italie batte la France à plate couture.
La cuisine joue désormais un rôle très important au sein de notre couple et nos disputes tournent souvent autour de l’éternel conflit entre pâtes courtes ou pâtes longues.
Bref, vivre avec un Italien quand on aime manger c’est comme goûter à la burrata quand on adore la mozzarella.
Alors là, vous vous dites peut-être que vous allez vous la jouer Julia Roberts dans Eat, Pray, Love. Tout quitter et retrouver l’homme de votre vie qui vous attend à la table d’une petite trattoria romaine.
Pas si vite. Attendez un peu de passer au cliché n°2, celui qui brise des couples depuis la nuit des temps et qui arrache tout sur son passage : LA MAMMA.
Cliché n°2 : Mamma mia !
Selon l’avocate italienne Paola Mescoli Davoli, interviewée dans cet article de Courrier International : “Les belles-mères italiennes sont la cause principale de 40 % des ruptures”.
Autant dire que quand on envisage une relation sérieuse avec un Italien, il y a de quoi trembler. Alors, mythe ou réalité ?
Si sur le thème de la cuisine, je pense pouvoir m’exprimer de manière relativement générale sur les habitudes des Italiens, il est plus compliqué d’avoir un avis tranché sur ce sujet.
Les relations mère/enfants dépendent évidemment de chaque famille et je ne peux pas donner un avis général au nom de toutes les familles italiennes.
D’après mon expérience personnelle, il est indéniable que les mères italiennes que j’ai pu rencontrer jouent un rôle important au sein de leur famille.
Elles maîtrisent l’art de préparer de bons plats pour garder leurs enfants dans le nid (mais n’est-ce pas souvent le cas dans beaucoup de pays ?) et elles ont une influence assez forte sur les décisions de leurs enfants.
“Tu sais ce qu’on m’a dit ? Les Italiens respectent leur femme. Ils gâtent leurs maîtresses. Mais les seules femmes qu’ils aiment vraiment, ce sont leurs mères.” In love and war (1996)
Cela dit, la réalité est plus nuancée dans le cas de mon copain. Il a toujours vécu loin de sa famille depuis le début de ses études et j’ai toujours appelé mes parents plus souvent que lui au quotidien.
Au-delà de la “mamma”, je pense que ce qui caractérise les Italiens c’est surtout un attachement très fort à la famille et un engagement inconditionnel que l’on retrouve rarement en France.
Ce qui m’a souvent frappé c’est l’influence que les parents pouvaient avoir sur les choix des enfants et inversement.
Il semble souvent y avoir des sortes de “conseils familiaux” où les décisions sont prises en commun, là où il ne me viendrait pas à l’idée de demander l’avis de mes parents.
De manière générale, je suis donc loin de me sentir menacée par ma relation avec ma belle-mère.
J’ai toujours été accueillie avec beaucoup de bienveillance et, on ne va pas se mentir, j’apprécie, moi aussi, ses bons petits plats !
Il reste pourtant un point qui inquiète de nombreuses étrangères en couple avec un Italien : et s’il ne quittait jamais ses parents ?
Source : Vu sur @questadolcevita, créé par @le_cazzate_di_johnny_peps
Car les chiffres ne mentent pas. D’après une étude de 2019, alors que les Français et les Allemands quittent le foyer en moyenne à 23,7 ans, les Italiens, eux, y restent jusqu’à 30,1 ans !
La différence est frappante et a de quoi vous faire hurler d’effroi. À cette réalité je dirais qu’il y a deux explications principales.
Evidemment, la première est financière. De nombreux étudiants italiens n’ont pas les moyens de quitter le foyer parental et leur gouvernement ne propose pas d’aides conséquentes. Là où la France, par exemple, offre une diversité de possibilités : bourses, aides au logement, chambres étudiantes.
La deuxième explication sera certainement contestée par les Italiens mais elle n’en est pas moins porteuse d’une certaine vérité selon moi : beaucoup d’Italiens valorisent le confort de la vie familiale par rapport à leur indépendance.
Je pense en effet qu’il y a une forte tradition culturelle qui poussent les jeunes à rester chez eux le plus longtemps possible et à apprécier le fait d’être nourri, logé et blanchi par leurs parents.
Ainsi, même si mon copain est l’exception à cette règle puisqu’il a quitté la maison après le lycée, la majorité des Italiens que j’ai rencontré vivaient encore chez leurs parents après 25 ans.
Alors, toujours prêts à sauter dans le premier avion pour Rome ? Si vous n’êtes pas encore découragés, passons au troisième cliché, qui risque de vous faire passer quelques moments d’incompréhensions mémorables.
Cliché n°3 : “Le langage des signes est utile pour les sourds mais vital pour les italiens.” Paul Carvel
Imaginez que vous marchiez au bord du lac de Côme avec votre copain Italien. Une balade romantique comme vous en rêviez. Il vous tient par la main et vous sentez déjà l’odeur du risotto que vous allez déguster pour le déjeuner.
Quand soudain, son téléphone sonne.
Il commence à discuter et vous sentez progressivement sa main vous échapper.
Vous tentez de la retenir mais c’est impossible. Une force supérieure vous l’arrache. Elle s’agite, bouge dans tous les sens, semble vivre sa propre vie. Elle vous éloigne de lui et vous êtes impuissante.
Vous venez de perdre votre première bataille contre la gestuelle italienne et l’expérience vous laisse un goût amer.
Source: Supplément au dictionnaire italien de Bruno Munari
Vous ne pourrez pas dire que je ne vous avais pas prévenus ! Sans tomber dans la caricature de certains personnages de films, il est incontestable que le langage italien passe en grande partie par les gestes.
Et vous risquez même de passer à côté de certaines nuances si vous ne maîtrisez pas les mouvements de mains essentiels.
Je vous conseille donc d’étudier le Supplément au dictionnaire italien de Bruno Munari qui illustre des dizaines de gestes propres à la culture italienne.
Cela vous évitera de passer des moments gênants, entre stupeur et incompréhension.
Si vous me lisez encore, c’est que la Dolce Vita vous fait toujours trépigner d’excitation. Mais jusqu’où êtes-vous prêts à aller ?
Cliché n°4 : le football comme religion ?
Une pizza dans les mains, des cheveux qui débordent de gel et un niveau sonore qui n’est pas fait pour l’oreille humaine. Je vous vois venir, c’est comme ça que vous imaginez un Italien devant son match de foot !
Alors cliché où réalité ?
Et bien je crois que je vais vous surprendre sur ce coup-là !
Les seuls matchs de foot que j’ai regardé avec mon copain sont ceux de la Coupe du monde en 2018. Vous vous souvenez quand la France gagnait tous ses matchs alors que l’Italie n’était même pas sélectionnée ?
Autant dire que ce n’est pas un très bon souvenir pour mon copain.
L’amour binational mène parfois à des situations cocasses, comme celle de célébrer la victoire de son équipe ennemie.
Plus sérieusement, je suis peut-être tombée sur la perle rare mais le football n’a jamais été une question entre nous. On s’en fout tous les deux. Et ses amis semblent plutôt avoir des goûts similaires puisque je n’ai jamais rencontré un Italien qui annulerait une soirée pour aller voir un match de foot.
Alors reprenez votre souffle, vous avez encore une chance de vivre une relation épanouie, qui ne tourne pas essentiellement autour d’un ballon.
Cliché n°5 : le règne du “Machistador”
En partie lié au cliché sur le football, ce préjugé est celui de l’Italian lover aux vêtements moulants qui ne rate jamais une occasion de séduire les filles et d’exprimer des commentaires sexistes.
Alors les Italiens ont-ils le machisme dans le sang ? Oui… et non.
Soyons honnêtes, il n’est pas rare d’entendre des blagues sexistes un peu lourdes ou des remarques déplacées.
Et il suffit d’allumer la télévision italienne pour voir l’ampleur de la tâche qui reste à accomplir aux femmes dans le pays.
À première vue, il semble donc y avoir une tradition culturelle qui entraîne les hommes à dénigrer les femmes tout haut, “pour rire”.
– “En tant qu’Italien, tu préfères les femmes, le football ou les spaghetti ?
– Le mieux c’est encore une femme qui joue au foot et mange des spaghetti.”
Roberto Benigni dans Je vous aime
Mais une fois passés les grands discours sexistes, j’ai découvert une toute autre réalité.
Chez nous, c’est surtout mon copain qui cuisine. La plupart des mes connaissances culinaires me viennent de lui et il est toujours prêt à passer des heures en cuisine plutôt qu’à manger un plat déjà préparé.
Idem pour le ménage. Car ce n’est clairement pas mon point fort, je suis une sale française après tout… Alors que lui a toutes les qualités d’une bonne femme au foyer.
Et d’après ce que j’ai pu voir au sein d’autres couples de notre âge, cette situation est loin d’être une exception.
Là où la génération de leurs parents est encore à cheval sur les rôles genrés, les plus jeunes semblent avoir pris d’autres habitudes.
Et sur ce coup-là, on remercie la Mamma de leur avoir appris tout ça !
Alors même si la façade de “macho” peut en rebuter certaines, je vous conseille de découvrir qui se cache réellement sous cette chemise moulante.
Vous y découvrirez sûrement un petit être sensible qui soutient sa copine inconditionnellement au quotidien et qui n’hésite pas à mettre la main à la pâte/aux pâtes.
Et si je ne vous ai toujours pas convaincu de sortir avec un Italien, attendez un peu de découvrir le dernier cliché.
Cliché n°6 : To bidet or not to bidet
Vous vous souvenez de cette baignoire miniature que vous avez peut-être vu dans la salle de bain de vos grands-parents ?
L’avez-vous utilisée pour vous laver les pieds, donner un bain à votre caniche nain ou même y faire pipi avant la douche ?
Si vous ne voyez toujours pas de quoi je veux parler, cliquez ici.
Inventé par les Français au XVIIIe siècle, le bidet a largement été délaissé par ses créateurs et récupéré par ses voisins Italiens !
En effet, en Italie, vous trouverez toujours cette petite vasque qui trône dans la salle de bain, à côté des toilettes. Et elle n’est pas là juste pour décorer, il s’agit bien d’un usage répandu.
Les Italiens qui visitent des appartements à l’étranger sont d’ailleurs souvent choqués de ne pas trouver ce repère ultime dans la salle de bain.
Et si cette habitude peut faire sourire, elle n’en reste pas moins hygiénique, écologique et économique !
Il serait peut-être temps d’emprunter aux Italiens d’autres traditions que la pizza…
Mais je dois vous donner mon ultime conseil. Si vous voyez une petite serviette près du bidet, ne vous y trompez pas. Je vous assure que ce n’est pas pour vous essuyer les mains. Vous ne seriez pas les premiers à vous faire prendre au piège.
Alors, convaincus ? Ce n’est peut-être pas l’idée que vous vous faisiez de la Dolce Vita mais je pense vous avoir dressé un portrait réaliste de la vie avec un Italien, ou du moins, avec mon Italien.
Pour en savoir plus sur notre histoire, c’est par là !
Et si vous aussi vous avez rencontré des chocs culturels dans votre relation binationale, n’hésitez pas à lire les merveilleux conseils de Wiebke Homborg, experte interculturelle.
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